[Actualité] Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi

Je trouve un peu étranges vos avis sur le fait que Nissan devrait monter au capital de Renault ou Renault descendre au capital de Nissan, en fonction du poids actuel de chacun.

Le fait est qu'à un moment, Nissan était mal en point et Renault a pris le dessus au capital. C'est le cas dans de nombreuses entreprises. Si le redressement de Nissan n'avait pas été une réussite, Renault aurait pu perdre des milliards. Donc le retour au profit chez Nissan récompense une prise de risque de Renault.

C'est un peu comme si on disait que Chrysler devrait désormais racheter Fiat, parce que bon c'était sympa que Fiat rachète Chrysler quand le groupe était au plus mal, mais maintenant que Chrysler va mieux que Fiat la situation devrait s'inverser. Il se trouve que pour Fiat ce rachat a plutôt bien tourné, mais Daimler y a perdu des dizaines de milliards quelques années plus tôt.

Il y a nombre de sociétés contrôlées par des sociétés plus petites qu'elles.La seule chose qui compte c'est la part que détient une société dans une autre si celle ci est suffisamment importante(au minimum la minorité de blocage à 33%) et que le reste du capital est dilué, l'actionnaire principal fait la loi même si il n'a pas la majorité des parts stricto censu, Nissan ne peut pas forcer Renault à revendre des actions si cette dernière n'est pas d'accord, la seule chose  qu'ils peuvent tenter de faire c'est renier les accords passés et tenter de monter au capital de Renault, ou cesser toute collaboration effective mais même dans ce cas ils seront obligés de payer à Renault les dividendes annuels correspondant à 44% des parts.
Dernière chose, on peut penser que si la société qui contrôle Nissan avait été Américaine, les Japonais seraient beaucoup moins revendicatifs le poids respectif et l'influence des pays entre en compte aussi(de toute façon des Américains n'auraient pas été aussi "gentils " que  les Français et auraient imposé une prise de contrôle totale des le début et Nissan n'aurait rien pu dire vu qu'ils étaient alors en faillite) Renault serait peut être à la peine sans Nissan mais sans Renault, Nissan ne serait plus qu'un nom connu de quelques collectionneurs et encore, leurs seules voitures célèbres d'avant Renault étaient les 240z et elles s'appelaient Datsun.....

Dans le cadre d'une alliance une situation qui accumule du ressentiment chez un des partenaires n'est pas une bonne solution. Ghosn aurait dû prendre plus cela en compte et essayer de le résoudre plus tôt, même si c'est compliqué.

Maintenant la façon dont Nissan tente son coup de force ne me paraît pas idéale pour assure la pérennité de l'alliance (si c'est leur souhait) avec un rééquilibrage, mais ça veut aussi probablement dire qu'ils se sentaient acculés par les projets de fusion de Ghosn.

Je me demande si ce projet de fusion ne commençait pas à être bien avancé, plus qu'on ne le pensait sans doute...

Greg Kelly aurait parlé un peu :
https://www.zonebourse.com/barons-bourse/Carlos-Ghosn-261/actualites/Pour-Kelly-Carlos-Ghosn-etait-remunere-dans-les-regles--27657109/

Il y a un article sur le scandale des contrôles, pas tout à fait pigé le rapport car c'est en anglais :

http://europe.autonews.com/article/20181124/COPY/311249992?template=mobile02&X-IgnoreUserAgent=1

En gros pour résumer : quand le scandale des émissions truquées a éclaté au Japon, Ghosn a considéré qu'il n'était pas responsable et est resté en vacances, pendant que les cadres sup de chez Nissan rentraient en catastrophe pour gérer les dommages. Donc ils se sont dit que s'il s'en foutait de Nissan, il ne méritait pas toutes ces largesses et avantages en nature.

alpha a écrit:
C'est un peu comme si on disait que Chrysler devrait désormais racheter Fiat, parce que bon c'était sympa que Fiat rachète Chrysler quand le groupe était au plus mal, mais maintenant que Chrysler va mieux que Fiat la situation devrait s'inverser. Il se trouve que pour Fiat ce rachat a plutôt bien tourné, mais Daimler y a perdu des dizaines de milliards quelques années plus tôt.

Pas vraiment, Fiat a fait l'objet de l'acquisition "Complete" de Chrysler, et ca a été le plan dès le départ, même si cela s'est fait progressivement entre 2009 et 2014, le temps de trouver des liquidités. ca n'a pas été le cas de Renault vis à vis de Nissan qui apportait des capitaux, dans le but d'aider, et dans le but dans un second temps d'avoir un partenaire plus que privilégié et un retour sur investissement.

dans le cas de Fiat, ils ont même détaché Ferrari, qui vit désormais seul, tout en conservant des strategie et un très fort historique commun.

Cest problèmes opérationnels sont pour moi du ressort du CEO, pas du Président. Et encore, parce qu'on est au Japon et que les séances de courbettes sont exigées des patrons, même pour une affaire qui ne casse pas trois pattes à un canard.

L'aspect culturel est également mis en avant dans l'article.
Le fait pour Saikawa de s'être retrouvé seul sur le front a d'autant plus mal été vécu car le Japon se montre d'une grande sévérité à l'égard de son patronat lorsque les règles ne sont pas respectėes et que la réputation de l'archipel est mise à mal.

Ok, on a l'impression que Nissan cherche à charger Ghosn à tout prix, vraiment.

C'est leur seul véritable moyen de pression....il faut sans doute l’écarter à tout prix du jeu.

Un article récent d'ANE sur le fond (avenir de l'Alliance) :

http://lnbbb.anfzytsjbx.lnhtr.ru4.gsr.awhoer.net/article/20181124/COPY01/311249989?AID=/20181124/COPY01/311249989

Ghos en tout cas a clairement sous-estimé l'opposition de Nissan à ses projets de fusion, c'est surtout cela qu'il paie j'ai l'impression.

Vincelebourrin a écrit:ca n'a pas été le cas de Renault vis à vis de Nissan qui apportait des capitaux, dans le but d'aider sauver , et dans le but dans un second temps d'avoir un partenaire plus que privilégié et un retour sur investissement.

Plus personne n'en voulait, ni Mercedes ni les banques nippones.

Sinon du même avis qu'alpha et luc, la réaction de certains m'interpelle pour le moins . Comme si il fallait se montrer noble et magnanime dans un monde capitaliste qui n'en a que faire...
Magnanime, Renault l'a déjà été de trop pour soit disant ne pas froisser cet orgueil japonais.

Pareil, je trouve que Renault a déjà été trop gentil avec Nissan et que l'erreur aura été de ne pas prendre plus de 50% de Nissan.

Déjà que l'année dernière, Renault a signé une clause qui lui interdit de se mêler des affaires internes de Nissan. Résultat, les directeurs de Renault n'ont pas pu voter contre l'éviction de Ghosn

Laisser Nissan montrer chez Renault, c'est a terme laisser Nissan prendre le contrôle, car ils diront que comme ils sont plus gros, normal que c'est eux qui décide.
L'autre option, c'est que Nissan dise juste a Renault que ce dernier peut aller se faire voir, et le laisse faire ses affaires tout seul

C'est bien le problème , ils (c'est à dire Renault   et Macron ,ce dernier ayant fait preuve de beaucoup de légèreté avec cet accord pour quelqu'un qui était censé évoluer auparavant dans le milieu bancaire notamment dans les fusions -acquisitions)découvrent qu'ils se sont liés les mains avec ce texte on comprend que l'actuel directeur Japonais de Nissan ait dit à l'époque que c'était très bon accord, il avait sans doute déjà une arrière pensée ! et l'ironie de l'histoire est que cet accord imposé par Ghosn s'est au final retourné contre lui.
C'est donc plus compliqué pour Renault si vraiment les Japonais veulent passer en tentant un coup de bluff il ne reste plus à ce dernier que des armes "nucléaires" dont l'emploi provoque en dernière conséquence on le sait une destruction mutuelle assurée.....
Finalement si Ghosn s'est peut être piégé seul par un gout excessif de l'argent qui lui fait perdre tout sens des réalités dans ce domaine( l’enquête confirmera ou non si il a réellement dérapé ) chez Nissan ils ne se seront pas privés d'exploiter la situation en partant ,eux, du vieux principe disant que dans les affaires il n'y a pas de sentiments.C'est une bonne piqûre de rappel pour les Français , De Gaulle ne disait t-il pas que les Etats n'ont pas d'amis ils n'ont que des intérêts.....

L'accord avec l'Etat a surtout été fait pour répondre à l'engagement de revenir a 15% tout en conservant une minorité de blocage à exercer au cas où, Nissan notamment, voudrait changer la forme du partenariat les liant à Renault.

Nissan n'aurait financièrement pas beaucoup d'effort à faire pour s'offrir Renault, je suis même pas sur que ça les intéresse en tout cas pas à un "working level"

En tout cas j'ai hâte de voir les gens parler encore de premier groupe automobile mondial ou les acheteurs de l'alliance arriver en se prenant pour la 8e merveille du monde....

Tout à fait en phase avec ton analyse, Luc69.

Je complète avec ceci : Ghosn a arraché cet accord en pensant que l'état français était le pire ennemi de l'alliance à la façon de l'ours de la fable, mais il n'a pas vu que le gouvernement japonais avait aussi moyen d'intervenir et que Nissan allait devenir le loup dans la bergerie...

Macron s'est bien fait blouser, une fois de plus. Et on voit que la France est à la rue niveau espionnage industriel, car le gvt n'a rien vu venir.

Mais il ne faut pas diaboliser les japonais et Nissan, ils ont agi ainsi car ils se sont senti menacés par le projet de fusion, et s'ils sont allés jusque là, ça veut dire que Ghosn a voulu passer en force.

Il a rencontré plus fort que lui.

Affaire Carlos Ghosn: Renault a lancé un audit interne «pour vérifier»
https://www.20minutes.fr/economie/auto/2380183-20181125-affaire-carlos-ghosn-renault-lance-audit-interne-verifier#xtor=RSS-149

Soit dit en passant, quand il y a des choses à cacher, ce n'est pas un audit interne qui va révéler au monde les fuites d'argents...

A ce stade, la meilleure stratégie de sortie pour Renault c'est encore de sortir de l'Alliance.

Nissan et Mitsubishi ont un bien meilleur avenir à 2.

simK a écrit:A ce stade, la meilleure stratégie de sortie pour Renault c'est encore de sortir de l'Alliance.

Pour se retrouver tout seul comme un c*n, petit constructeur européen isolé ?

Clair que Renault a le plus à perdre si l'alliance se défait...

Deux scénarios:

1/ Soit Nissan a monté un dossier sérieux sur Ghosn, et ils prennent la tête de l'Alliance

2/ Ghosn est innocenté, et Renault avale Nissan en représailles.

Rien de bon ne peut en sortir.

Tang a écrit:Clair que Renault a le plus à perdre si l'alliance se défait...

C'est bien ce que je dis, au final tout ce qui sort dans la presse FR ou économique, c'est que les détenteurs du CAPITAL ont peur et espèrent éviter la déroute.


Ils attendaient tous avec impatience la fusion programmée (et probablement cachée aux japonais) entre Nissan et Renault.

Mettez-vous une seconde dans une situation opposée, à savoir Nissan qui prépare la main mise sur Renault?

Il se serait passé quoi? La France aurait bloqué l'OPA avec leur minorité de blocage. Renault a essayé de la faire à l'envers aux japonais et ceux-ci se défendent (à raison) d'autant plus que c'est Nissan qui rapporte du cash et qui vend le plus.


Si Renault se retrouve tout seul, ça ne sera que justice.
Si l'Alliance persiste (et je n'en doute pas un seul instant), elle se fera après un rééquilibrage stratégique où Renault et Nissan seront à égalité. Si Macron et l'Etat français n'en veulent pas, tout ça ne se passera pas bien pour le capital (chute boursière).

Je pense que l'histoire de l'automobile nous aura bien appris que les groupes et alliances se font et de défont...

Du moment qu'il y a de l'argent,tout peux se faire et se défaire c'est certain,rien n'est gravé dans le marbre,et bien malin qui peut dire comment cela va tourné..