[Actualité] Les constructeurs chinois et les marchés

Interview pleine de bon sens du directeur de l'ANFIA : https://europe.autonews.com/automakers/eus-china-ev-probe-exposes

Et un graphique en passant :

J'ai hâte de voir les chiffres de vente en Chine des mois à venir, si la tendance continue ou pas pour les constructeurs non chinois. Si oui ça va faire mal. Et si non ça va faire mal aussi car ce sera au prix de rabais intenables.

Je pense que c'est déjà plié. Les constructeurs chinois ont d'excellents modèles et bien placés d'un point de vue tarifaire. Ils ont en prime un esprit un peu plus patriotique qui nous fait malheureusement tant défaut.

L'excuse du patriotisme est un peu facile. Ca n'a pas l'air de trop les déranger d'acheter des Tesla ou des Mercedes.

Peut être simplement parce qu'il n'y a pas (ou pas encore) d'alternatives crédibles en face.

Les premiums hors Tesla vendent encore beaucoup grâce à l'image de marque et aux motorisations nobles (qui participent de l'image de marque). Peu de marques chinoises rivalisent en terme d'image ou de motorisation avec Mercedes, BMW ou JLR.
Dans les segments où vendent les généralistes, l'image de marque à moins de poids, et la Chine achetant de plus en plus de VE n'est pas en retard technologiquement par rapport aux marques européennes, elle est même en avance.


C'est pareil partout : le patriotisme économique ne peut fonctionner que quand on a une alternative nationale possible. S'il n'y a rien d'équivalent dans la catégorie, même avec de la bonne volonté ça ne marchera pas.

Ça relève peut-être de l'anecdotique, mais je connais quatre foyers différents qui ont des voitures du quotidien achetées parce que faites en France, et des Porsche / Aston-Martin pour le week-end achetées parce que ce sont des voitures plaisir et qui n'ont pas d'équivalent français.

Quand la Chine a avancé ses pions entre les joint-venture, subventions et main mises sur les terres rares, en Europe, on guillotinait les constructeurs européens en voulant passer très rapidement sur l'électrique.

L'avantage qu'on avait (savoir faire, avance technologique) a donc été transférée aux Chinois qui ont développé l'électrique avant nous. Après avoir été (et l'être encore) dépendants des pays pétrolier pour nos carburants, on a décidé de l'être auprès des chinois pour l'électrique...

Désolé mais un protectionnisme à ce niveau aurait été bien plus intelligent : transition progressive thermique / électrique (formation, transformation d'usines, production d'électricité, etc.).

Le gouvernement a fortement subventionner les constructeurs automobiles pour devenir le pays leader sur le marché des véhicules électriques. Et le fait d'avoir les mines sur place a pas mal aidé. Si on avait voulu faire pareil en Europe, on se serait quand même heurté au problème de la fabrication des batteries.

Mais maintenant que le système est en place, le gouvernement chinois préfèrera brader les véhicules plutôt que de brader les batteries voire les minéraux et terres rares, au risque de voir une concurrence crédible se développer.

En gros il ne nous reste plus qu'à ouvrir une mine de Lithium à Trifouillis les Oies et à attendre quelques années que toute la chaîne industrielle se mette en place, en espérant que d'ici là les revendications salariales des travailleurs chinois soient comparables aux nôtres.

Régions où les chinois vendent le plus :



Il faudrait des pdm pour que ce soit vraiment intéressant. A la louche, je dirais que là où la pdm des chinois est la plus forte c'est le Moyen-Orient, l'Eurasie et l'Afrique.

Les marques chinoises qui exportent le plus. A noter, 4 d'entre elles font partie de SAIC et 2 de Great Wall.



https://ar.motor1.com/news/683898/opinion-cinco-automotrices-chinas/

Lulu a écrit:Les marques chinoises qui exportent le plus. A noter, 4 d'entre elles font partie de SAIC et 2 de Great Wall.



https://ar.motor1.com/news/683898/opinion-cinco-automotrices-chinas/

Ce n'est pas négligeable comme score !

Et ça ne cesse de s'amplifier avec la géopolitique de ces dernières années, ne plus pouvoir vendre sur les marchés Iraniens, puis Russe... alors que les constructeurs Français y été bien représentés, ne fait qu'accélérer le phénomène ils n'ont plus qu'à se baisser pour ramasser !

a noter que même si pas la même cible, MG est déjà devant DS en EU.
Ca dit la vitesse d'invasion de nos contrées...

"invasion" ?

Ben on en vois vraiment de plus en plus ,chez moi c'est le cas..

La tendance continue en août sans grande surprise, les prix cassés de VW n'ayant pas encore eu le temps de faire effet (ou alors n'ont pas d'effet)

Parts de marché Aout et YTD
BYD 11.6% / 10.9%
VW 8.5% / 8.5%
Toyota 6.4% / 7.0%
Chery 5.1% / 4.7%
Honda 4.5% / 4.6%
Geely 4.5% / 4.5%
Changan 4.4% / 5.0%
Tesla 3.7% / 4.0%
GAC 3.6% / 3.6%
Haval 2.9% / 2.7%

Vu la taille du marché, chaque dixième de % représente un gros volume.
Pour VW par exemple, ils perdent 24000 unités entre aout 2022 et aout 2023, sur un mois seulement. Si on multiplie par 12, ça fait pas loin de 300000 voitures. Une usine qui tourne à vide quoi.

Le constat est le même pour Toyota (-16K) et Honda (-19K)
Tous les autres du top 10 augmentent leur volume et tous sont Chinois sauf Tesla.

Nissan n'est même plus dans le top 10

Je n'ai pas le classement au-dela. Sinon VW vend encore 200000 voitures par mois en Chine, ils sont pas encore sur la paille hein

Enorme colère de Scholz, qui s'oppose au renforcement des droits de douanes sur les voitures provenant de Chine

https://europe.autonews.com/automakers/germanys-scholz-unconvinced-imposing-ev-tariffs-chinese

A l'epoque des japonais et coreens, ces derniers vendaient des voitures, juste moins cheres.

Avec les chinois, c'est differents, ils vendent des voitures a la fois bien meilleures et bien moins cheres....

Bien meilleures, ça se discute. Quand je lis les essais presse des MG4 par exemple, il reste quand même pas mal de petits défauts, ne serait-ce que sur les ADAS mal calibrés et envahissants, et le multimédia embarqué peu ergonomique et lent.
Et je ne parle même pas de la version XPower qui annonce une puissance de fou qui ne semble pas tellement exploitable à part pour faire des démarrages canons au feu rouge.

Ca me fait furieusement penser aux smartphones chinois (j'ai des Xiaomi Redmi depuis quelques années) : très bien placés en prix, performances honorables mais pourris par une surcouche logicielle à chier. Heureusement sur un smartphone, on peut facilement reprendre la main pour dégager tous les crapwares et installer un launcher correct (Nova Launcher pour ne pas le nommer).
Je me vois mal faire le même genre de bidouilles sur une voiture.


Sans compter qu'on ne sait toujours pas comment ces voitures vont vieillir. Quid de la disponibilité des pièces de rechange dans 5 ans ? 10 ans ?
Si les chinois font des voitures jetables, ça va vite avoir un impact non négligeable sur la valeur de revente de ces voitures.

Je ne lis pas autre chose dans la colère de Scholz que le fait que les allemands continuent, comme à leur habitude, de n'envisager l'UE que comme au service de leurs intérêts.

Ils sont les premiers à plaider pour un euro fort puisqu'ils sont en valeur les plus gros exportateurs, peu importe si cela mine les économies d'Europe méridionale ; ils tirent dans les pattes de l'électricité nucléaire française pour s'assurer la compétitivité de leur industrie (et communiquent allègrement sur les énergies renouvelables alors que la France, à laquelle ils achètent de l'électricité régulièrement, à un meilleur bilan carbone depuis des années) ; ils font bande à part avec les suédois pour leur nouveau char d'assaut alors que la fusion de avec Nexter pour le Léopard était entamée ; maintenant ils préfèrent laisser la part du lion du marché automobile européen aux chinois pour pouvoir continuer à vendre du premium en Chine...

On reprochait aux anglais de ne défendre que leurs propres intérêts avec le Brexit, mais les allemands ne font pas autrement. La seule différence, c'est qu'ils sont assez puissant pour diriger.

Seulement ça ne durera pas ce que durent les impôts, je pense que l'économie allemande a bien profité de ces dernières décennies mais va se heurter à des lendemains difficiles, et vu le ressentiment qu'ils ont engendré chez tous leurs voisins, il ne faudra pas compter sur la solidarité des autres pays européens.

Ils ont voulu garder tout le gâteau pour eux, qu'ils se débrouillent. Si toute l'industrie automobile européenne périclite face à l'invasion chinoise, les premiums Allemands finiront par y succomber aussi et je ne pleurerai sûrement pas sur leur sort.

Je vais imprimer ce post et l'encadrer dans mon salon

Ponloire a écrit:Je ne lis pas autre chose dans la colère de Scholz que le fait que les allemands continuent, comme à leur habitude, de n'envisager l'UE que comme au service de leurs intérêts.

Ils sont les premiers à plaider pour un euro fort puisqu'ils sont en valeur les plus gros exportateurs, peu importe si cela mine les économies d'Europe méridionale ; ils tirent dans les pattes de l'électricité nucléaire française pour s'assurer la compétitivité de leur industrie (et communiquent allègrement sur les énergies renouvelables alors que la France, à laquelle ils achètent de l'électricité régulièrement, à un meilleur bilan carbone depuis des années) ; ils font bande à part avec les suédois pour leur nouveau char d'assaut alors que la fusion de avec Nexter pour le Léopard était entamée ; maintenant ils préfèrent laisser la part du lion du marché automobile européen aux chinois pour pouvoir continuer à vendre du premium en Chine...

On reprochait aux anglais de ne défendre que leurs propres intérêts avec le Brexit, mais les allemands ne font pas autrement. La seule différence, c'est qu'ils sont assez puissant pour diriger.

Seulement ça ne durera pas ce que durent les impôts, je pense que l'économie allemande a bien profité de ces dernières décennies mais va se heurter à des lendemains difficiles, et vu le ressentiment qu'ils ont engendré chez tous leurs voisins, il ne faudra pas compter sur la solidarité des autres pays européens.

Ils ont voulu garder tout le gâteau pour eux, qu'ils se débrouillent. Si toute l'industrie automobile européenne périclite face à l'invasion chinoise, les premiums Allemands finiront par y succomber aussi et je ne pleurerai sûrement pas sur leur sort.

Alors quelques petites remarques.
Sur le premier point, je ne sais pas, mais clairement la France ne voit pas l'Europe autrement. Et jusqu'à il y a peu, le couple franco-allemand si aimé fonctionnait de la manière suivante : la France décide, l'Allemagne suit et ne moufte pas au nom de la construction Européenne. Cette attitude n'a changée que sous Merkel, où l' Allemagne a décidé de mettre en avant aussi ses propres intérêts. C'est aussi pourquoi personne ne parlait de problème dans le couple franco-allemand avant l'arrivée de Merkel.

Ensuite pour l'Euro fort : pardon mais tu n'as rien compris sur le coup. Une monnaie faible permet au contraire de rendre les exportations plus compétitives. Ce pourquoi bien au contraire la France promeut ça, dans une logique bien française car court-termisme et repliée sur soit. Si l'Allemagne ne se réjouit pas d'un Euro faible, c'est que eux voient plus loin que le bout de leur nez, et voient l'impact que cela a sur le prix de l'énergie. Le pétrole s'échange en dollars, un Euro faible renchérit le coût de l'énergie et crée un effet domino. L'inflation galopante trouve vraiment son origine dans la crise énergétique provenant de la guerre en Ukraine. Bah oui les gens, vous vous plaignez des prix chers et du coût à la pompe, mais l'Euro fort il amortit le surcoût. Et par voie de conséquence impacte encore plus négativement les fameuses économies d'Europe méridionales quand il est faible.

Sur le nucléaire, c'est encore une question de démarche court-termiste vs long terme. Cela va te paraitre étrange, mais une source d'énergie qui va impacter l'environnement sur plusieurs milliers d'années juste pour assurer la promotion d'une partie de l'économie française, cela ne plait pas à tout le monde...Mais bizarrement cela ne semble pas te gêner si l'on voit les choses sous cet angle, cela ne semble absolument pas être un égoïsme français qui ne pense qu'à mettre en avant sa filière nucléaire sans penser aux conséquences à long terme. Je dis ça je dis rien. Accessoirement, l'Allemagne est très loin d'être le seul pays de l'UE contre le nucléaire. Regarde la liste....Y a plus d'Etats membres (et de voix) contre au sein de l'UE que pour.
Et accessoirement, ton laïus sur les vilains allemands qui achètent l'électricité des gentils français est complètement inexact : la balance commerciale énergétique Allemagne-France est positive depuis de nombreuses années. En 2022, les Allemands ont même exportés 5 fois plus d'électricité à destination de la France que les allemands n'en ont importé du même pays... Le principal exportateur d'électricité vers l'Allemagne en Europe, c'est le Danemark.

Sur le char, alors on va remettre en perspective : on a d'un côté Nexter qui se porte mal financièrement et dont le produit-phare, le char Leclerc, est un échec commercial cuisant. De l'autre KMW dont les chars Leopard I et II sont des succès commerciaux. La France approche donc l'Allemagne pour une fusion dans laquelle un seul partenaire y gagne vraiment puisque la production du futur char est prévue pour être en France..... Au nom d'intérêts politiques, les allemands acceptent bon gré mal gré. Sauf que lors du développement du projet, deux philosophies s'opposent : les français, qui pensent en terme de forces de projections, veulent un char moyen. Les allemands, qui pensent en terme défensif et ont peur du russe, veulent un char lourd. La guerre en Ukraine a finalement prouvé la pertinence de l'approche allemande sur ce point, tandis que les blindés français, trop légers, sont des mouroirs. Les suédois eux veulent un char lourd, et acceptent que la production soit en Allemagne, avec KMW comme seul maître d'oeuvre.
On pousse des cris d'orfraie en France sur les chars, mais on passe sous silence que pour le projet SCAF, les rôles sont inversés et que Dassault pousse pour faire cavalier seul et torpiller le projet pour des raisons étrangement similaires.

Fondamentalement, par le passé, c'était la France qui mettait ses propres intérêts en avant en Europe et qui s'imposait aux autres, avec l'aide d'un partenaire allemand bien soumis. Ce qui ne gênait personne dans l'hexagone. Mais maintenant qu'il y a un retour de balancier, on est choqué que les allemands osent penser aussi à eux  tout à coup.

Accessoirement, je peux te donner des dizaines d'exemples où la France voulait absolument mettre ses intérêts industriels en avant, sachant pertinemment que cela impacterait négativement plusieurs autres pays européens, dont l'Allemagne. CF l'ancienne tentative des gouvernements Sarkozy-Hollande d'imposer une limite de 95g de CO2 pour chaque constructeur, favorisant UNIQUEMENT les constructeurs français qui étaient les seuls à pouvoir atteindre ce chiffre vu qu'ils étaient trop nuls pour vendre autre chose que des "B" (je lulutte un peu vu qu'il veut encadrer ton post, je lui rend hommage   ). Curieusement encore une fois, cela ne gênait personne.

BREF.

Vous me faites parfois assez rire.

Liste des immenses succès de l'Allemagne, pas du tout court-termistes et égoïstes envers les autres pays de l'Union européenne :

Tuer des milliers de ses habitants chaque années et ceux des pays environnants en misant sur le charbon, à cause d'une panique collective irrationnelle dans le pays autour du nucléaire.

Rendre le continent énergétiquement dépendant de la Russie redonnant les armes à ce pays tombé dans l'oubli de mener un agenda expansionniste et de déstabilisateur.

Pour remplacer la Russie, rendre le continent énergétiquement dépendant de l'Azerbaïdjan, offrant à ce pays une fenêtre de tir pour procéder à un nettoyage ethnique sur des territoires appartenant jusqu'il y a quelques jours à l'Arménie.

Nouer des liens économiques forts avec un autre régime autoritaire expansionniste, la Chine, sans même oser réclamer des droits de douanes tout simplement égaux entre l'Union européenne et la Chine.

Ne faire preuve d'aucune fermeté face au régime turc, qui a pourtant démontré son hostilité envers plusieurs pays de l'Union européenne (Grèce, Chypre, parfois France, ainsi qu'alliés kurdes et arméniens).

Pousser pour l'accueil de millions de réfugiés de manière soudaine et désorganisée sans mettre en place les moyens et la structure pour permettre leur épanouissement dans leurs pays d'accueil.

Mettre aux abois l'ensemble des pays d'Europe du Sud, les accuser de tous les maux, leur imposer des politiques dont ils ne se sont jamais remis, voire les ont transformés en pays du tiers-monde (Grèce).