[Présentation] Le design par Citroën

205gentry a écrit:Est ce que ces formes très galbées ou formées selon les protos seraient envisageables aujourd'hui d'un point de vue budgétaire?

Cdc a écrit:Avec C.Tavares, je pense que rien n'est envisageable d'un point de vue budgétaire quand il s'agit de Citroën malheureusement... Je suis sur que même au niveau design, la consigne est de faire au moins cher possible, quitte à ce que ce soit moche. La future C3 européenne sera intéressante, au moins de ce point de vue là.

Privilège accordé aux meilleurs projets, une maquette a été réalisée à partir des travaux de Nicolas BEAUCHAMP, étudiant du Strate Collège, en stage durant le premier semestre 2006 au Centre de Style Citroën, pour sa dernière année de diplôme en Design industriel. Nicolas a imaginé le C-Speedlounge, un véhicule alliant vitesse et confort, avec le soutien technique des équipes du Style Citroën.

Une Citroën à Grande Vitesse



L'avion, le train, et l'automobile se disputent le marché des voyages de longues distances. Les transports en communs sont les plus sûrs et les moins fatigants, mais les voyageurs perdent les libertés que leur offre l'usage d’une automobile. Le C-Speedlounge, imaginé par Nicolas BEAUCHAMP, permettrait à cette catégorie de grands voyageurs de première classe de parcourir l'Europe en sécurité, confortablement, sans pétrole, et dans les mêmes délais que l’avion, en empruntant un réseau routier à très grande vitesse.

En effet, dans son scénario, Nicolas imagine la mise en place, au niveau Européen, d'un réseau automobile spécifique à très haute vitesse (500 km/h). Son véhicule peut être conduit "manuellement" hors et jusqu'à l'entrée de ce réseau, où il est alors pris en charge et piloté automatiquement.
En intégrant l'ensemble des mécanismes de pilotage automatique, le C-Speedlounge libère alors le conducteur de la conduite, et lui permet de vivre sa voiture comme un salon.

Utilisant l'énergie électrique, le C-Speedlounge est doté d'un système lui permettant de se recharger tout les 500 Km.

Les influences






Lorsqu'on demande à Nicolas quelle est pour lui la Citroën la plus réussie au niveau du Design, il répond sans hésiter la SM. Ce qui lui plaît en elle, c'est son concept fou alliant une carrosserie futuriste pour l'époque, dynamique, élégante, qui contraste avec son moteur Maserati au son unique.

Sa Citroën actuelle préférée est le concept-car C-Sportlounge. D'un point de vue technique, il le trouve réaliste et industrialisable. D'un point de vue esthétique, Nicolas souligne que le designer Frédéric Soubirou, a réussi à créer une image moderne à la marque aux chevrons, tout en gardant des thèmes forts qui caractérisent Citroën, comme la calandre, la présence de chromes, et des vitrages originaux.
 
Deux grands thèmes ont influencé Nicolas dans sa conception du C-Seedlounge : l'aéronautique et la compétition automobile.
Tout d'abord, la référence aux avions pour le côté pur du fuselage que l'on retrouve sur toute la partie avant du C-Speedlounge, qui contraste avec une partie très "mécanique" à l'arrière qui rappelle des réacteurs. Enfin, dernier clin d'oeil a l'aviation : la forme de la cabine ressemble à un cockpit.
La compétition automobile a elle aussi inspiré Nicolas dans les proportions de son C-Speedlounge. En effet, il a constaté que toutes les voitures de record de vitesse, ou encore les voitures des 24 Heures du Mans, avaient une architecture bien particulière : elles sont toutes très basses et longues. Cela s'explique par des contraintes aérodynamiques : plus la voiture est basse et longue, meilleure sera la trainée, autrement dit, la pénétration dans l'air.

Les différentes phases de la réalisation du projet C-Speedlounge
La réalisation d'une automobile passe par plusieurs phases incontournables. Le designer débute ses travaux par des esquisses qui donneront naissance à une ou plusieurs maquettes en polystyrène, mousse et plastiline pouvant aller jusqu'à l'échelle 1. Des passages en soufflerie sont également nécessaires pour déterminer les consommations du futur véhicule.

Esquisses



Cette partie du projet est la plus excitante, surtout pour un diplôme d'étudiant car il n'y a aucune limite de créativité. Seuls quelques mots-clés doivent sans cesse lui revenir en tête. Pour le projet C-Speedlounge, le cahier des charges était que le style devait évoquer la vitesse, la simplicité, la pureté, le dynamisme, et la rupture. Sans oublier que les acheteurs potentiels seraient des hommes et femmes d'affaires, donc le design devra également évoquer l'élégance et le confort.

Durant cette phase d'esquisse, Nicolas BEAUCHAMP s'est donc efforcé de jouer sur les imbrications de volumes comme on peut le voir sur les dessins au Bic, notamment en jouant avec des grosses écopes pour avaler ou extraire l'air. Mais il a aussi fait attention à conserver la référence aéronautique en contrastant les imbrications de volumes avec des surfaces très simples et des vitres très étroites (style Audi TT ou Mercedes CLS) pour renforcer le côté cockpit.





Une présentation à M. PLOUÉ (Responsable du Design Citroën) va permettre à Nicolas de choisir quelques dessins clés pour pouvoir commencer à finaliser la voiture en faisant des dessins en couleur.

A ce stade du projet, pour pouvoir commencer la maquette en polystyrène, il faut un 3/4 avant et arrière harmonieux et précis, ainsi qu'une vue de côté à l'échelle. La vue de côté est très importante, car elle va servir de référence aux modeleurs pour réaliser la maquette en prenant des points de mesures sur le dessin qu'ils vont reporter sur le volume.
La finalisation des dessins clés va également permettre de créer l'architecture de la voiture, et donc d'imaginer la vie à l'intérieur du véhicule, en créant un package (architecture) avec l'emplacement des passagers, du moteur, des roues, etc.



Modélisation en Volume




Une fois les dessins des différentes vues du concept achevés, le designer réalise alors une maquette de proportions en polystyrène. Il donne corps à ses croquis en quelque sorte. Cette étape, qui permet de se faire une première idée des volumes de son projet, a d'ailleurs permis à Nicolas BEAUCHAMP de repérer une erreur de proportion au niveau de la cabine. En effet, sur le polystyrène il s'est rendu compte que celle-ci était bien trop petite. A ce moment là, la voiture ressemblait trop à un coupé et pas assez à une limousine comme il le souhaitait. Il l'a donc allongé de plusieurs centimètres sur la maquette en plastiline.

Modelage Plastiline & 3D numérique




Après la correction des erreurs de la maquette en polystyrène, Nicolas réalise la maquette en plastiline au 1/5e. Cette étape est la plus importante, car elle va permettre de sculpter et de mettre en volume toutes les idées de la phase "Esquisses". L'avantage d'utiliser une matière comme la plastiline, est que l'on peut enlever et remettre de la matière infiniment. Ce qui n'est pas le cas du polystyrène ni de la mousse, où l'on a pas droit à l'erreur.
Pour le projet C-Speedlounge, les super-pouvoirs de la plastiline ont permis à Nicolas de mettre au point son idée d'imbrications de volumes sur l'arrière, avec tous les extracteurs d'air.



Une fois cette maquette en plastiline terminée, on procède à un relevé de points au laser. De nombreux petits autocollants sont collés sur la "carrosserie", puis le laser les scannent un par un. Ensuite, on se sert du scan de la maquette pour créer un maillage en 3D, on symétrise ce maillage pour avoir le deuxième côté de la maquette, et enfin, après avoir fait à nouveau des retouches sur les lignes de la carrosserie numérique, on peut donc admirer virtuellement la voiture finale !
Les logiciels utilisés par les modeleurs numériques sont IcemSurf et Alias AutoStudio.



Aérodynamique



Ces simulations permettent de visualiser la pénétration dans l'air. Pour qu'elle soit bonne, il faut qu'il y ait le moins d'aspiration possible, c'est à dire le moins de bleu possible sur la simulation, ce qui signifie que le bulbe (aspiration du véhicule) est très faible, donc que la trainée ou pénétration dans l'air est bonne.
Pour le C-Speedlounge, c'est le cas : la trainée est bonne car on peut voir que le bulbe (donc la partie bleue) est faible. Ces calculs vont être vérifiés en soufflerie sur une maquette au 1:5ème.

Passage en soufflerie

Après le scan, Nicolas BEAUCHAMP a eu la possibilité de passer sa maquette au 1/5ème à la soufflerie Citroën de la Ferté Vidame.
Pour cette phase, il a eu l'aide de Jean-François BEAUDOIN, ingénieur aérodynamicien de PSA, qui lui a permis de réaliser des mesures aérodynamiques. Le but de leur travail a été de justifier chaque forme, appendice ou orifice de la voiture (notamment les deux énormes écopes situées à l'avant, qui serviront à avaler de l'air frais pour refroidir les moteurs électriques se situant au niveau des roues avant).

Les deux trous se situants derrière les passages de roues/ailes avant, serviront à extraire l'air chaud des moteurs électriques. Le fait qu'il n'y ait qu'une seule et grande ouverture permettra d'avoir une meilleure acoustique à l'intérieur du véhicule.

Les ouïes, ainsi que les deux écopes qui se situent à l'arrière, vont permettre quant à elles d'extraire l'air chaud des moteurs électriques arrière.

Enfin, les jantes en forme de turbine ont une fonction bien précise : elles vont permettre d'aspirer de l'air frais pour refroidir les moteurs, mais aussi de favoriser l'aérodynamisme en empêchant l'air de ressortir par les roues.







Maquette en mousse dure



Après le travail en 3D numérique, on réceptionne la troisième maquette mousse haute densité à l'échelle 1/4e au fraisage. Elle donnera naissance à la voiture finale. Nicolas pose des "tapes" (adhésifs noirs) afin de corriger la tension des lignes dues aux petites imperfections du fraisage. Ensuite, vient le moment de préparer la maquette pour qu'elle reçoive la peinture.
Trois couches d'apprêt seront nécessaires, dont deux couches d'apprêt jaune épais (permettant de combler les aspérités de la mousse). Une fois la qualité de surface recherchée, une dernière couche d'apprêt est appliquée. Cet apprêt de finition est blanc et fin (on le ponce à l'eau avec de l'abrasif extra fin afin d'atteindre une qualité de surface irréprochable avant la mise en peinture).
Pour savoir quand le ponçage est terminé, on touche à la main jusqu'à avoir l'impression de caresser de la soie !

A ce moment là commence le sprint final : en effet le designer doit être capable de gérer plusieurs travaux en même temps. Il a fallu continuer à faire les dernières corrections de ligne sur la maquette en mousse, dessiner tous les détails (jantes, feux, chromes ...) pour pouvoir les réaliser ensuite en 3D, et les fraiser. Sans oublier la préparation des couleurs finales du concept, en travaillant avec les designers Couleurs et matières.

Couleurs et matières



Pour terminer son étude, Nicolas bénéficie des conseils de designers Couleurs et matières pour la peinture de la carrosserie, mais également pour les pièces rapportées.

Pour le C-Speedlounge, cette partie du travail fut très intéressante, car en volume, Nicolas avait fait le choix d'avoir une carrosserie très simple et pure. Il a donc fallu qu'il contraste avec des détails très graphiques, provocateurs et innovants. Notamment les parties chromées à l'avant et à l'arrière, mais aussi les sabres sur les côtés qui viennent habiller le cockpit et ajouter du dynamisme à la ligne.

Enfin, la partie délicate fut le choix des jantes, du fait d'une vitesse très élevée mais aussi pour des besoins d'économie d'énergie, il fallait que les roues aient un diamètre important. Ces jantes allait donc s'avérer être un point crucial de ce projet. Nicolas a opté pour la simplicité, tout en gardant un thème fort : celui de la turbine, qui en plus d'être fonctionnel, rappelle l'inspiration aéronautique de son projet.

Nicolas nous confie que cette dernière étape du processus fut très amusante pour lui. Elle a en effet permis au designer de relâcher un peu le stress que lui a procuré la construction de la voiture, et de revenir dans une phase de création. Pour le C-Speedlounge il souhaitait créer un univers un peu "Jules Verne" (carlingue d'aviation du début 20ème siècle). Il a donc voulu absolument retrouver l'univers cuivré qu'il avait crée dans ses dessins clés avant et arrière sur Photoshop. Ce qui l'a poussé à choisir une peinture bronze et or brillante sur toute la partie avant de la voiture, et une teinte mâte sur la partie arrière, pour la rendre encore plus mécanique.

Enfin, le choix des chromes teintés noirs était pour l'élégance. En effet, des chromes "classiques" auraient été trop lourds visuellement, et le fait d'avoir mis un soupçon de noir dessus permit à Nicolas de conserver le côté miroir tout en les rendants plus discrets, élégants.

La maquette finale

La maquette finale a reçue sa robe définitive, ainsi que tous ses accessoires. Elle peut être exposée à l'ADN de VÉLIZY, et sur le stand de l'École STRATE COLLÈGE du Mondial de l'Automobile 2006.

Loutron a écrit: