2011 - [Chrysler/Lancia] 300/Thema

Si c'est du second degré, c'est foireux. Si c'est du premier degré, c'est également foireux. Je ne tirerai pas sur les calandres Lada (c'est déjà fait par d'autres...) mais toute voiture mérite autre chose qu'un rebadging incestueux. Que ce soit une Lancia et qu'on connaisse mon affection pour cette marque, ou non d'ailleurs. Car, plus que la voiture et le patrimoine historique dans lequel elle s'inscrit pour son label (en l'occurrence, Lancia), c'est sur le conducteur que cela se peut rejaillir, surtout dans ces gammes "premium" où la forme compte davantage que le fond.

Que ne dirait-on pas d'une Audi simple rebadging de VW Polo (merde, c'est déjà fait avec l'Audi A1 --') ? Pour revenir à la Thema, la ficelle de la maximisation de l'outil industriel est en sous-main : Fiat s'est offert du Chrysler et se sert dedans jusqu'à plus soif. C'est du rafistolage hypocrite car, au fond, le rachat de l'américain, c'est seulement pour que la 500 puisse être vendu chez Tonton Sam ! Alors certes, Lancia "en profite" disent les plus optimistes, mais ce n'est pas pour autant que la grande bonté de Fiat se fait uniquement pour relancer la marque, volontairement brimée face à Alfa Romeo.

Au passage, Alfa Romeo attirant les convoitises, sa "valeur" va grimper, et donc l'attention de Fiat aussi. Pour mieux dire, chaque nouvelle Alfa sera plus surveillée qu'une Lancia pour ne pas casser la spéculation sur une vente possible à VW.

Le système des "gammes", si pratique pour les journalistes dans leurs classements et leurs "duels" est en train de voler en éclat, car les constructeurs n'y trouvent plus leur compte et revendique leur différence vis à vis de la concurrence, leurs produits étant forcément les mieux. Aujourd'hui, Audi ne veut être mise en opposition qu'avec BMW et Mercedes, Jaguar tout au plus. Cette discrimination (quoi, le mot est à la mode !) pour la concurrence vient du fait qu'une Audi n'est conçue QUE pour viser les clientèles BMW et Mercos. Pourtant, le 4Control de la Laguna est aussi sécurisant que le Quattro de l'A4, voire peut-être plus (mais personne n'a encore franchi le pas de faire ce duel là). Regardez Nissan : ils en avaient assez de faire des produits dans des catégories stéréotypées, supra concurrentielles et dominées par des symboles (Almera et Primera face à la Golf et la Passat, vaste programme...). Du coup, ils créent le Qashqai. Les journalistes ne savent pas quoi en faire, le public est conquis par un produit qui enfin répond à une demande (si vouloir franchir les trottoirs est une demande) et le succès est au bout. A ceux qui m'opposent le bide Vel Satis, je réponds que les premiers mois de lancement étaient bons, avant l'affaire du regulateur de vitesse trop médiatisée pour lui faire conserver son aura naissante.

En pensant à la Thema, je pense d'abord que la direction de Fiat (les décisionnaires de Lancia n'ont pas droit de véto) veut que la marque ait une berline (certes pour remplacer la Thesis, mais c'est surtout pour occuper le terrain). La question qui vient est : que propose-t-elle ? ainsi que, que propose-t-elle face à la concurrence ? Problème, la concurrence pour les berlines supérieures voit le trust des premium qui refusent d'être comparés, même victorieusement, à de la "mierda italiana" ! Donc, on se rabat sur le "reste", les "paumés", type C6, XF, 9-5, Latitude... Deux idées contradictoires me viennent : d'abord, il faut les comparer aux premium pour leur permettre de gagner en qualité (donc, progression). Mais, il faut ne pas les comparer pour éviter qu'ils fassent du premium bis, empêchant toute idée ou innovation (donc, stagnation). Cependant, les journalistes ont créé eux même une catégorie de "premium bof" -avec Citroën, Renault, Saab, Opel, Ford, voire VW- pour ne plus avoir à trancher, et c'est pourtant sur LEUR avis qu'on fonde le placement de la Thema par rapport au reste de la production.

Je suis donc d'avis, même s'il y a de la casse, de comparer ce qui est comparable, une Thema face à une E-Class, une C6 avec une A6, une 9-5 avec 5-series. Même si ça surprend, je pense qu'il faut comparer des voitures selon leur taille, et non selon leurs qualités, et ainsi rassembler toutes les voitures entre 4m80 et 5m05 dans une même catégorie, d'aucuns n'appelaient dans les années 90 "routières". Idem pour un Qashqai face à un Scénic, voire un Koleos face à un Q5/X3, et au delà, avec un Duster. Qui sait, le lecteur / acheteur de ces voitures y trouvera peut-être son compte. Quand j'écoute les gens, ils recherchent une voiture qui puisse circuler facilement en ville (donc citadine), à forte capacité (monospace, camionnette), selon ses habilités (4x4, écolo...). Le choix du label ne vient qu'après, lorsque ces clients ont un minimum de discernement et s'expose à un débat entre marques sans a-priori. Et le niveau de luxe (luxure ?) qu'apporte la voiture (plastiques moussés, pad tactile, liseur de panneaux...) ne vient qu'ensuite. Manque de pot, il ne me semble pas qu'une telle démarche existe encore.

Pour en revenir au mot de Jo, je doute qu'avec "Une barres en plastoc gris au milieu et le fond en noir" on puisse se figurer une voiture à l'identité propre. Mais que franchement, pour m'avoir obligé un pondre le propos ci-dessus et que je n'en doute pas vous avez lu jusqu'au bout, il n'était pas si inepte que ça !

Sur ce, bonnes vacances !